Psychomotricité et troubles de l’intégration sensorielle

PROJET EN PSYCHOMOTRICITÉ ET TROUBLES DE L’INTÉGRATION SENSORIELLE / PROPOSITIONS D’AMÉNAGEMENTS

Les troubles de l’intégration sensorielle peuvent impacter le développement psychomoteur. Le psychomotricien étant un des spécialistes de l’approche sensori-motrice, il va pouvoir pleinement investir ses compétences dans l’accompagnement des projets d’intégration sensorielle et motrice. Il s’adresse à des enfants de tout âge, avec ou sans trouble avéré. Ce domaine est régulièrement pensé pour les personnes présentant un TSA, mais il est nécessaire de préciser qu’il est fréquemment utilisé dans le cadre de difficultés d’adaptation, de gestion des émotions, hypersensibilité ou hyposensibilité, de difficultés ou troubles des apprentissages, trouble neurodéveloppemental, trouble de l’attention avec/sans hyperactivité, polyhandicap, etc.

Le projet thérapeutique du psychomotricien doit prendre en compte les particularités sensorielles de l’enfant. En fonction des résultats obtenus lors de la passation du profil sensoriel, le psychomotricien peut proposer des aménagements à la maison et à l’école afin de faciliter le quotidien de l’enfant. En effet, le bilan réalisé par le psychomotricien va permettre de prendre conscience de ses particularités sensorielles. Ainsi, des comportements jugés troublants par l’environnement de l’enfant pourront prendre du sens et être mieux interprétés. Par conséquent, les efforts faits par l’enfant pour progresser pourront être perçus et valorisés. Le psychomotricien va pouvoir donner du sens à un fonctionnement et favoriser les échanges entre l’enfant et son environnement.

Le psychomotricien va pouvoir proposer d’augmenter les stimulations en cas d’hyposensibilité, voire réduire lors d’hypersensibilité (notion de seuils).En fonction de la disponibilité de l’enfant et des priorités, le psychomotricien pourra aider l’entourage à alléger la charge sensorielle ou l’alourdir. Le but étant de limiter au maximum la charge cognitive qui pèse sur les épaules de l’enfant et qui pourrait nuire à son développement. L’enfant va être dans un équilibre permanent : classiquement, lors des temps scolaires, il sera nécessaire que toutes ses capacités soient mobilisables pour les apprentissages et non pour gérer un fonctionnement sensoriel. A l’inverse, les vacances peuvent être un temps où l’enfant pourra s’entraîner à ressentir, percevoir pleinement et s’exprimer. Apprendre à mieux se connaître au quotidien et aider son entourage à mieux le comprendre. En effet, ce qui peut s’apparenter à des caprices, pourra être une expression d’un mal-être profond pour un enfant avec une spécificité sensorielle. L’entourage doit ajuster toute ses normes, « assis toi-bien » pour un enfant avec une hyposensibilité proprioceptive n’a pas le même sens que pour un enfant avec une sensibilité typique. Également, connaître son fonctionnement permettra une belle prise de conscience de son potentiel, de ses atouts. Une personne hyposensible appréciera les bureaux ouverts, le mouvement, le bruit, le changement dans son travail, de pouvoir dessiner /prendre des notes pendant les réunions pour rester concentrer, de marcher / se balancer sur sa chaise pour suivre une conversation au téléphone. A l’inverse, les personnes hypersensibles préféreront un endroit calme pour avoir un niveau de précision important (oreille musicale, les « nez », dextérité manuelle, etc…). »

Voici quelques exemples concrets d’aménagements dans le quotidien d’un enfant :

L’enfant…..

  • ….est en recherche de stimulations vestibulaires (de mouvements, de balancements), nous pouvons mettre en place des toupies, des tabourets dynamiques, des élastiques sur les pieds des chaises ou du bureau, des gros ballons, des coussins à air afin de permettre à l’enfant de bouger lors des tâches demandant de l’attention et de la concentration, des objets vibrants… Ce sont des enfants qui vont apprécier les temps de motricité à l’école, ils seront de fins escaladeurs et des élèves moteurs en cours de sport. On pourra aussi leur proposer de distribuer les manuels ou porter des messages d’une classe à l’autre pour répondre à leur besoin de mouvement et leur permettre de canaliser leur besoin d’activité. Au niveau des assises possibles, on peut proposer les « chaises-selles » . A la maison, une tolérance peut être mise en place pour les enfants qui font leur gym sur le canapé en regardant un film, ou bien pour ceux qui font leurs devoirs debout, en marchant. Pour les plus petits, qui peuvent s’installer dans une couverture en toute sécurité, les parents pourront les balancer doucement comme dans un hamac. Les sorties au parc avec les balançoires, les trampolines seront essentiels dans leur développement.
  • ….a besoin de rituels et d’anticiper le temps qui passe, vous pouvez utiliser des time-timers ou des plannings visuels, des séquences avec pictogrammes… A la maison on sera vigilant à intégrer les changements ou variations au sein de rituels acceptables (pas de changements brusques). En récréation, on pensera à encadrer les jeux en posant des règles fiables qui seront sécurisantes et permettront à l’enfant de mieux tolérer l’impulsivité des autres enfants. En classe ce sont des enfants sur lesquels on pourra s’appuyer pour gérer l’emploi du temps de la classe, la date etc….
  • …n’aime pas certaines textures d’aliments en lien avec une hypersensibilité orale [LIEN] ou hypersensibilité tactile [LIEN], vous pouvez lui proposer des assiettes avec des compartiments, mélanger une nouvelle texture en petite quantité. L’exploration et la manipulation des textures avec différentes parties de son corps mains/pieds/bouche l’aidera à abaisser son niveau de sensibilité. Un ordre dans le type de sensations proposées est à favoriser, votre psychomotricien saura vous conseiller. A savoir, que les enfants ayant une hypersensibilité tactile montrent déjà différentes adaptations au travers leur préférence : ceux qui vont se déshabiller dès qu’ils rentrent à la maison, qui ne mettent pas leurs chaussons, ceux chez qui il faut prévoir des vêtements de rechange en primaire dès qu’il fait chaud, car ils ne supportent pas les vêtements humides ou mouillés. Nous pensons aussi à ceux chez qui il faut prévoir la serviette à portée de main quand on leur mouille les cheveux, ceux qui ne supportent pas les coutures des chaussettes, ceux qui laissent pousser un peu leurs ongles car les couper est difficile.

Dans un premier temps, il sera important de respecter la particularité sensorielle de l’enfant et d’être vigilant à certains gestes du quotidien qui peuvent être des épreuves à surmonter pour lui  : quand il va se laver les mains au lavabo, éviter que d’autres enfants se lavent les mains en même temps. A l’école, quand les élèves se mettent en rang, ne jamais le mettre au milieu ou devant. Tolérer qu’il aille à l’école en survêtement, découdre les étiquettes (et pas juste les découper), acheter les vêtements qui lui plaisent en plusieurs exemplaires. Ces gestes anodins éviteront à l’enfant hypersensible tactile d’avoir une gêne pouvant aller jusqu’à la douleur tout au long de la journée. Cela pourrait s’apparenter à un caillou dans la chaussure ou un pull qui pique pour une personne sans spécificité.

Dans un second temps, l’enfant apprendra à gérer son hypersensibilité, mais il faut lui laisser le temps et s’assurer que cela ne prenne pas toutes ses ressources au détriment d’autres priorités.

L’hypersensibilité tactile peut être un atout car elle permet d’avoir une bonne capacité de discrimination tactile ce qui peut être utile pour renforcer la mémoire sensorielle (ex : apprentissage du geste graphique)  et pour se repérer dans son environnement.

  • …est à la recherche des stimulations proprioceptives (aime qu’on le serre fort dans les bras, recherche le contact, est souvent au sol et s’appuie contre les murs), vous pouvez entre autres mettre en place des couvertures ou vêtements lestés. En classe, on permettra à l’enfant de manipuler des fidgets, on proposera un coin coussins pour se ressourcer, on veillera à médiatiser le contact avec les autres enfants.
  • …met des objets ou ses mains à la bouche, cela peut signifier un besoin de stimuler l’espace oral, l’utilisation de colliers de mastication est
  • …est très sensible aux bruits, il existe peut-être une hypersensibilité auditive [LIEN] vous pouvez par exemple lui proposer des casques anti-bruits, des bouchons d’oreille. A la maison comme à l’école, on veillera à élever le niveau sonore progressivement. On sera également attentif à ne pas laisser les stimuli sonores se surajouter (ex : éteindre la radio si on veut que l’enfant puisse être attentif à ses devoirs ou à une conversation, ne pas manger avec la télévision en fond). A l’inverse en cas d‘hyposensibilité auditive [LIEN], les enfants apprécieront de faire leurs devoirs avec un bruit de fond (radio, TV, vidéo type ASMR).

Enfin, si l’enfant présentant des difficultés de modulation auditive est sensible au son, il est bon de rappeler que cela peut également être un atout pour mémoriser les poésies, chansons, leçons à l’oral. Ce sont également des élèves qui auront l’oreille musicale.

  • …est très sensible à la lumière, vous pouvez lui proposer des lunettes de soleil, des visières, tamiser les allumages intérieurs… On veillera à ne pas le placer face aux fenêtres en classe. Certains enfants ont plutôt des difficultés de modulation visuelle et sont parfois attirés par les détails. Leur regard peut parfois “accrocher” sur les supports très colorés ou aux motifs contrastés. Un support coloré et contrasté peut donc être proposé en classe à ces élèves pour attirer leur attention sur le support d’apprentissage.

 

Références :