Au plus proche des besoins psychomoteurs de son bébé

Le temps de la rencontre

La qualité de présence et d’attention que le parent porte à son bébé qui vient de naître est ce qui est de plus précieux. Dans la manière de le regarder, de le toucher, de le porter, de le langer, de le baigner, de le nourrir…l’enfant va puiser le plus beau des cadeaux de la vie : sécurité, sérénité, désir de s’ouvrir au monde et d’explorer.

Créer un lien d’attachement fort et sécurisé permet au bébé de se sentir réconforté. Au fur et à mesure de son évolution, les bénéfices sont importants dans tous les domaines (autonomie, confiance en soi, intelligence, relation à l’autre, etc).

Les premiers temps empreints de fatigue et d’inquiétude peuvent être éprouvants pour les jeunes parents, le principal est de garder la disponibilité chaleureuse et aimante envers son enfant, de se laisser guider par lui, de garder confiance en soi (un parent a toutes les capacités en lui). Lorsqu’on a besoin d’aide, il ne faut surtout pas hésiter à prendre appui sur une personne ressource dans les relations familiales, amicales ou une personne extérieure comme un thérapeute. Prendre soin de soi est essentiel pour mieux prendre soin de son enfant et continuer à être dans le lien.

Observer son bébé : se faire confiance, lui faire confiance

Les bonnes habitudes à prendre sont celles qui vont dans le sens du respect du tout-petit. Par exemple, le parent va trouver le portage adéquat. Ainsi, la tête et le bassin bien soutenus, tout son corps enroulé, lové au plus près de celui de son parent, le tout-petit va se sentir détendu et sécurisé. De même, dans les moments de soin comme le change ou le bain, les gestes employés respectent la maturité neuromotrice du bébé et sont profitables à son bien-être ce qui en font des instants privilégiés de complicité.
En observant son nouveau-né, le parent s’aperçoit rapidement qu’il est dérangé par les lumières trop vives, les gestes brusques, les différences froid-chaud, c’est pourquoi il ne le soumet pas à une surstimulation sensorielle et préserve son besoin de douceur. On peut comprendre aussi qu’il ait besoin d’être enveloppé, de ressentir des limites contre lui (dans son berceau ou contre son parent) puisque qu’il découvre le milieu aérien après avoir été baigné dans une bulle aquatique contenante.
En se laissant guider par son enfant, le parent va pouvoir répondre à ses besoins (faim, sommeil, câlin, éveil, etc), à son propre rythme.

Le toucher dans le corps à corps

Dans la relation à son enfant, le sens du toucher joue un grand rôle pour le développement psychoaffectif, psychomoteur et neurologique. Les jeux tactiles tout comme le massage enrichissent la communication parent-enfant. C’est grâce à tous ces contacts et jeux tactiles, visuels, sonores que l’enfant ressent l’amour, la sollicitude, l’attention qu’on lui porte. Son organisme va secréter de l’ocytocine, l’hormone du bien-être qui stimule le développement du cerveau et permet de faire face au stress. Chanter une berceuse, une comptine, bercer son enfant calme son système nerveux central. C’est comme s’il était dans une bulle sensorielle interactive de bien-être. Par exemple, quand le parent chante « ainsi font font les marionnettes » en tournant doucement les mains devant lui, c’est tellement plus riche, plus tendre qu’un mobile musical placé au-dessus de lui ! Un jeu de « dada », l’enfant posé sur les genoux de son parent dans la proximité corporelle lui apporte beaucoup de joie et de sensations corporelles qui lui permettent de savoir situer son corps dans l’espace et de trouver son équilibre. Le jeu « c’est la petite bête qui monte, qui monte » qui joint le toucher à la voix permet au tout-petit de prendre conscience de son corps dans la joie de l’interaction.

L’importance de la voix : parler à son bébé

Dès sa naissance et même avant, l’enfant reconnaît la voix maternelle ; la capacité d’écoute de la musicalité des mots, des rythmes est en place…La musique de la langue s’active déjà dans l’esprit du bébé par l’intonation de la voix associée aux mimiques et aux gestes de sa maman. Le bain de parole des adultes, la reprise des productions sonores du tout-petit sont donc nécessaires pour aider l’enfant à entrer dans le langage. Quand le bébé fait des vocalises, il joue à explorer toute la gamme de sons qu’il peut faire avec sa bouche tout en s’écoutant. Cette production de sons en devenant de plus en plus variée, contribue au développement de la motricité buccale, de son langage et de son identité.
Comme il a besoin de s’entendre pour développer sa voix et y porter intérêt, il lui faut un environnement calme.

En imitant les vocalises faites par bébé, le parent lui permet de prendre conscience de ce qu’il produit et le fait rentrer dans la communication. Lorsque le parent s’amuse à varier les vocalises, le bébé prête encore plus attention aux sons et peu à peu, va chercher à les reproduire. De nombreuses recherches scientifiques ont montré que les neurones-miroir qui s’activent dans ces moments communs, sont essentiels pour le développement social de l’enfant, pour une meilleure compréhension du ressenti d’autrui (empathie) et pour l’évolution du langage. Ces jeux interactifs vocaux sont donc essentiels et sont à différencier du « parlé bébé » où l’adulte réduit les mots comme si l’enfant ne pouvait pas comprendre le mot dans son entier : si biberon devient bibi, comment peut-il accéder au vocabulaire approprié ? Il est prouvé que l’habituation à un langage développé avec des mots, des résonnances et des phrases variés, favorise son entrée dans la langue. Il est donc nécessaire d’utiliser des phrases avec un vocabulaire précis quand on s’adresse au tout-petit.

Dès le plus jeune âge, les histoires ont une grande importance et on s’aperçoit qu’elles sont très investies par les tout jeunes enfants. Dans les livres, par les courts récits illustrés, les imagiers, qui nomment et désignent les choses par leur nom, l’enfant s’approprie le monde, fabrique des images mentales et enrichit son vocabulaire.

De même, dans les comptines, les mots simples rythmés répétitifs favorisent la mémorisation.

Ainsi, dans le quotidien, les moments de partage, de communication et de plaisir autour d’un livre ou d’un jeu sont essentiels dès le plus jeune âge. C’est aussi dans les échanges du quotidien avec les parents, quand ceux-ci verbalisent lors d’un soin ou d’un jeu, les parties du corps (dos, ventre, jambe, etc), les actions motrices (tu lances, tu rampes, tu jettes), les notions spatiales (tu es dedans, dessus…), qu’ils nomment ses émotions, ses actions, les personnes de la famille, les objets de la maison, de la nature… que l’enfant met du sens, une signification aux mots et accède à la connaissance de lui, des autres et du monde qui l’entoure.

Prendre le temps, laisser du temps

Comme chaque enfant possède un rythme de développement personnel, il a besoin de pouvoir disposer du temps qui lui est nécessaire pour conduire ses acquisitions. En observant tout le plaisir de son enfant dans ses découvertes, dans ses nouvelles capacités, le parent peut se rassurer sur ses compétences sans attendre une acquisition précise ou un résultat. Il va alors donner beaucoup plus confiance à son enfant qui ne ressentira pas de pression et sera encouragé dans son besoin d’expériences motrices.

Libre dans ses mouvements

Au cours de son développement, l’enfant explore son corps, son espace à soi avant de visiter l’espace proche puis plus lointain. Tout cela est possible quand on le laisse libre de ses mouvements sans interrompre son activité spontanée. Les expériences motrices spontanées ont une importance fondamentale dans le développement des compétences motrices, cognitives, émotionnelles du jeune enfant. Elles sont source de plaisir et lui permettent de prendre confiance en lui puisqu’on ne fait pas à sa place.

C’est pourquoi, il vaut mieux poser son bébé sur le dos dans un espace sécurisant et sécurisé (sur un tapis de sol) sans envahir l’espace avec des portiques ou trop de jouets. On peut alors le laisser bouger comme bon lui semble. Sous le regard attentif et bienveillant de ses parents, il va à son rythme, découvrir toutes ses capacités motrices et intellectuelles en alternant grands mouvements, manipulation fine, repos… Dans les tout premiers mois, le bébé placé sur le dos, s’amuse à suivre ses mains des yeux…elles vont dans chaque direction, elles se rapprochent, elles s’éloignent…parfois séparément, parfois ensemble… Vers 5-6 mois, il découvre aussi ses pieds qu’il va faire décoller du tapis, les lever de plus en plus haut jusqu’à les toucher, les prendre et pourquoi pas, les porter à sa bouche ! A un moment, il va basculer sur le côté et découvrir le retournement. Puis il va commencer à se déplacer en rampant…ensuite à quatre pattes…se mettre assis…se mettre debout…trouver des équilibres, des appuis au sol à chaque fois différents avant de marcher. La manière qu’il s’y prend pour se mettre dans une position est beaucoup plus intéressant que la posture en elle-même (tenir assis, debout, etc).

A chaque changement de position, à chaque nouvelle acquisition psychomotrice, le tout-petit explore son corps de manière différente et apprend à s’adapter à chaque fois.

Lorsque l’adulte est partenaire actif de ses explorations corporelles, la joie de l’enfant est augmentée.
Bien-sûr, il faut s’assurer de sa sécurité. Ainsi, lorsque qu’il grimpe sur le canapé, il faut penser à protéger le sol par un tapis afin qu’il puisse descendre en toute sécurité par lui-même…et rester présent, disponible.

Quand on ne le bloque pas dans une position dans laquelle il ne peut se mettre lui-même, l’enfant renouvelle les expériences sensori-motrices jusqu’à parvenir à la maîtrise d’un nouveau mouvement ou d’une nouvelle posture. Au contraire lorsqu’on met un enfant assis au sol vers 6 mois alors que lui-même n’est pas prêt à s’y mettre seul, le risque est que le dos soit trop sollicité au détriment des autres muscles et que l’enfant soit passif dans l’exploration de son environnement. L’enfant n’a pas besoin d’accessoires pour se tenir seul, il le fera quand il sera prêt (vers 10 mois à peu près en même temps que le 4 pattes). Pas besoin non plus de trotteur comme aide à la marche. Au contraire, il est prouvé que cet objet était dangereux et retardait cette acquisition pour différentes raisons. L’adulte n’apprend pas à l’enfant la marche, c’est par son activité autonome qu’il va trouver ses appuis, ses coordinations et son équilibre pour se déplacer debout. De le faire marcher en lui tenant les mains ne l’invite pas à trouver cet équilibre, à se servir des mains pour revenir au sol. Sa confiance en lui peut être entravée car on peut créer sans le vouloir une situation de dépendance.

Le rôle des parents est avant tout de partager l’intérêt et le plaisir de leur enfant tout en aménageant l’espace dans la sécurité et au rythme de ses nouvelles compétences motrices, c’est ainsi que son désir de persévérer est soutenu. L’enfant libre de ses mouvements apprend ainsi à être prudent et développe un sentiment de sécurité qui contribue à la construction de son identité et à son bien-être général. On peut accompagner un enfant dès qu’il en besoin sans faire à sa place et sans le priver de son sentiment de sa propre compétence.

Il est essentiel de permettre à l’enfant de se mouvoir aisément dans des vêtements confortables et souples. Il est important aussi de le mettre pieds nus pour lui permettre de renforcer tous les petits muscles de ses pieds et de mieux éprouver les sensations tactiles qui l’aident à trouver un bon équilibre.

Le choix des jouets

Dans le choix des jouets et des objets présentés à l’enfant, le parent va tenir compte à la fois de ses qualités sensorielles et fonctionnelles mais aussi du développement de la préhension de l’enfant. Ainsi, dans les 3 premiers mois de la vie des tout-petits, des objets doux et mous sont à privilégier car l’enfant ne peut contrôler encore son geste. Il va peu à peu suivre des yeux un objet, coordonner ses mouvements (il porte volontairement des objets à sa bouche vers 3 mois). Au fur et à mesure, on lui propose des jouets plus variés. Il vaut mieux en proposer peu mais renouveler le matériel à disposition afin de satisfaire sa curiosité et la variété de ses explorations manuelles.
La préhension de l’enfant s’affine en passant progressivement d’une préhension volontaire avec toute sa main vers 6 mois à une préhension plus fine avec la pince (pouce-index) vers 10 mois. Il est alors intéressant de lui mettre à disposition des objets riches par leur texture, leur forme, leur matière, leur consistance, leur couleur. Ainsi, les albums-jeunesse cartonnés qu’il va découvrir dans le lien parents-enfant, les objets de récupération (couvercles de pots de bébé, boites vides, bouteilles d’eau, etc) qu’il va explorer avec tous ses sens, sont intéressants pour le tout-petit.

 

L’enfant, reconnu dans ses besoins d’expériences et d’exploration du monde, dans ses besoins affectifs et psychomoteurs, évolue en toute confiance et sérénité dans sa vie.

 

Pascale PAVY
Psychomotricienne