Le jeu chez les enfants de 1 à 3 ans

Comment trouver le « bon » jeu pour son enfant, l’activité « adéquate » à ses besoins ? De nos jours, l’industrie du jouet est de plus en plus florissante, cependant tous les jeux ne sont pas adaptés à l’âge de développement de l’enfant.

Chaque enfant évolue à son propre rythme en passant par les grandes étapes développement psychomoteur : tenir sa tête, se retourner, se mettre en position ventrale avec appui sur les bras, se tenir assis, ramper, marcher à quatre pattes, pour enfin se relever et marcher ! Certains bébés vont vite marcher car ils sont pressés d’être indépendants dans leurs déplacements, d’autres préféreront privilégier les activités fines et le langage. Observer son bébé permet de savoir quelles sont ses préoccupations et ainsi de l’accompagner dans ses jeux et ses expériences.

Chez l’enfant et en particulier chez les tous petits, tout est jeu ! Les expériences sensori-motrices permettent à l’enfant de comprendre le monde qu’il entoure. C’est grâce à ces expériences-là que le cerveau de l’enfant se développera. Il faut donc varier les jeux de l’enfant. L’enfant peut jouer avec l’adulte, avec un pair, ou seul. Apprendre à jouer seul est d’ailleurs une expérience importante puisqu’il montre chez l’enfant une sécurité affective mature.

En fonction de l’âge de l’enfant et de son développement psychomoteur, les jeux qui l’intéressent sont différents. Je citerai le jeu du coucou-caché qui permet à l’enfant aux alentours de 8 mois de prendre conscience de la permanence de l’objet. C’est-à-dire qu’un objet existe toujours même s’il est caché. C’est d’ailleurs à cette période que l’enfant a peur lorsqu’il ne voit plus ses parents. On parle de l’angoisse du huitième mois ou de la peur de l’étranger. Grâce au jeu du coucou-caché, l’enfant assimilera peu à peu que même s’il ne voit plus sa mère dans son environnement proche, elle existe toujours et qu’elle reviendra donc le voir.
Ce jeu du coucou-caché est un excellent exemple qui démontre l’importance du jeu dans le développement de l’enfant.

Les premiers jeux de l’enfant lui permettent d’avoir une action sur l’environnement. Le bébé fait un lien entre son geste et ce que cela induit sur son environnement proche. Ils lui permettent également de prendre connaissance et de comprendre l’espace :
• Notion de dedans/dehors avec les actions de mettre et de sortir un objet d’une boite par exemple
• Notion de profondeur en mettant ses doigts dans des creux, des trous
• Notion de distance en tirant et poussant des objets (près/loin de soi)

Toutes ces expériences lui permettent à la fois de comprendre son environnement mais aussi de connaitre son corps et les capacités dont il dispose.

Les jeux de ballon sont également appréciés dès le plus jeune âge. Ils permettent à l’enfant d’améliorer ses coordinations générales et ses équilibres. A tout âge jouer au ballon avec un pair ou avec un adulte est une pure partie de plaisir. Pousser, shooter, lancer permet à l’enfant de jouer sur les distances, les relations, de viser…

Les manipulations fines sont également très importantes dès le plus jeune âge car elles permettent d’avoir une bonne dextérité avec un plaisir de toucher, manipuler comme les livres par exemple. Plus l’enfant manipule plus il sera précis dans ses gestes. L’adulte peut lui proposer différentes matières afin de varier l’aspect sensoriel. Tout objet peut appeler à la curiosité de l’enfant : les capsules des petits pots qui font du bruit, les marrons ramassés dans le jardin pour les mettre dans une boite à œuf, les bouchons de liège qui flottent dans le bain et que l’on peut attraper avec une passoire… Faites appel à votre créativité et à celle de votre enfant.

Les jeux évoluent avec l’âge de l’enfant et selon ses préoccupations. Les manipulations, les explorations sensorielles ainsi que les explorations motrices vont permettre à l’enfant d’être de plus en plus à l’aise dans son corps et de plus en plus précis. Il faudra de nombreuses années pour que l’enfant acquière une maturation neuromotrice permettant de bonnes coordinations motrices, un bon équilibre et une dextérité suffisante pour l’apprentissage de l’écriture.
Dans les premières années de vie, varier les activités de l’enfant est très enrichissant pour lui et pour la relation qu’il entretient avec ses parents.

Les ballades en famille sont appréciées de tous. L’enfant commence à marcher, courir dans le parc. On peut aussi proposer draisienne, trottinette qui font travailler l’équilibre de l’enfant ce qui facilitera l’apprentissage du vélo par la suite. Et puis l’été, quel plaisir de marcher pieds nus dans l’herbe, dans le sable, sur tous ces sols riches en aspect sensoriel. Ils permettent d’enrichir les sensations tactiles mais également à la voûte plantaire de se former en musclant pieds, chevilles et jambes.

En plus de toutes les activités sensorielles et des actions sur l’environnement de plus en plus diversifiées, vers deux ans, apparaissent les jeux symboliques. L’enfant transpose ses questionnements de la vie quotidienne dans ses jeux. On pense alors à l’enfant qui gronde ses peluches ou ses poupées mais que ce n’est pas pour autant que l’enfant ne les aime plus. A travers ses jeux là, l’enfant comprend que si l’adulte le gronde ce n’est pas parce qu’il ne l’aime plus mais pour le protéger (ne pas mettre ses doigts dans la prise par exemple). Il faut donc laisser son enfant imaginer ses histoires sans le culpabiliser de gronder sa poupée.
L’enfant va commencer à jouer à la dînette, à se déguiser, inventer des histoires. L’adulte peut alors rentrer dans le jeu de l’enfant, enrichir l’histoire… par pur plaisir de jouer ensemble.

Ecran, vidéo ? Comme le dit le fameux slogan « pas d’écran avant 3 ans ». En effet, les écrans (télévision, tablette…) peuvent être délétères pour le développement de l’enfant. La lumière bleue émise par ses écrans stimule la région d’éveil du cerveau et a des conséquences sur le sommeil de l’enfant. Ils sont donc à bannir le soir. Pour les jeunes enfants, il faut manipuler les objets plutôt que d’observer les mêmes expériences à la télévision. De plus, les images sont trop rapides pour les enfants, ils n’ont pas le temps de tout assimiler.

Camille BOUFFARD
Psychomotricienne DE